Le 13 juillet 2024, un groupe de 173 Burkinabè, principalement composé de femmes, d’enfants et d’une cinquantaine d’hommes, sont arrivé à Ouangolodougou, en Côte d’Ivoire, cherchant refuge face à l’instabilité croissante dans leur pays. Cependant, trois jours plus tard, 164 de ces personnes ont été refoulées vers le Burkina Faso sans raison officielle, suscitant des critiques sur le respect des droits de l’homme et des normes humanitaires.
Depuis 2021, environ 60 000 Burkinabè ont trouvé refuge en Côte d’Ivoire, fuyant les violences perpétrées par des groupes armés et des attaques terroristes dans leur pays. La plupart d’entre eux sont hébergés dans des familles, tandis que d’autres sont logés dans deux sites d’accueil mis en place par le gouvernement ivoirien.
Le récent refoulement de 164 personnes, dont une majorité ne s’était pas enregistrée auprès des autorités, met en lumière les défis persistants liés à la gestion des flux migratoires et à la protection des réfugiés.
Jean Emmanuel Ouédraogo, porte-parole du gouvernement burkinabè, a vivement critiqué cette expulsion, la qualifiant de « mépris des règles humanitaires ». De son côté, la Côte d’Ivoire a décrit l’incident comme une « mesure isolée », assurant que les demandeurs d’asile bénéficient généralement d’une assistance adéquate. Cette divergence de perspectives souligne les tensions et la nécessité d’une coopération régionale renforcée pour gérer les migrations forcées.
La Côte d’Ivoire est un Pays à la Croisée des Chemins. Géographiquement, elle est située en Afrique de l’Ouest, partageant ses frontières avec six pays : le Liberia et la Guinée à l’ouest, le Mali et le Burkina Faso au nord, le Ghana à l’est, et l’océan Atlantique au sud. Cette position stratégique en fait un carrefour économique et migratoire crucial dans la région.
Les pays voisins de la Côte d’Ivoire, notamment le Mali et le Burkina Faso, sont confrontés à de graves problèmes de sécurité. Le Mali, en proie à des conflits armés depuis 2012, voit des mouvements importants de réfugiés vers des pays comme la Mauritanie et le Niger. Le Burkina Faso, quant à lui, est frappé par des attaques terroristes récurrentes, provoquant des déplacements massifs de populations vers des pays plus stables comme la Côte d’Ivoire et le Ghana.
Les incidents de refoulement de réfugiés ne sont pas nouveaux dans la région. Les préoccupations de sécurité peuvent souvent entrer en conflit avec les obligations internationales de protection des réfugiés, mettant en évidence la nécessité de renforcer les mécanismes de coopération régionale. Les organisations telles que la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) jouent un rôle crucial dans la facilitation de cette coopération, mais des efforts supplémentaires sont nécessaires pour garantir la sécurité et la dignité des personnes déplacées.
Christ DIANGA MOUNGOULOU