Le président nigérian Bola Tinubu a signé, ce 29 mai 2024, une loi rétablissant l’hymne national composé par une Britannique en 1959, utilisé à l’Indépendance du pays, puis abandonné en 1978. Cette décision suscite un débat intense au Nigeria.
En marquant sa première année au pouvoir, le président Tinubu a profité de l’occasion pour réintroduire officiellement l’ancien hymne national. Ce retour, symbolisé par l’adoption de “Nigeria, we hail thee” (“Nigeria nous te saluons”), a été entériné par la loi et célébré lors d’une cérémonie solennelle à l’Assemblée nationale, en présence du chef de l’État.
L’hymne, initialement en vigueur de 1960 à 1978 avant d’être remplacé sous le gouvernement militaire d’Olusegun Obasanjo, remplace désormais “Arise O Compatriots” (“Compatriotes levez-vous”), utilisé pendant plus de quarante ans. Pour de nombreux Nigérians, ce changement représente un retour en arrière.
Les parlementaires favorables à cette réforme y voient une opportunité de « restaurer la gloire passée » du Nigeria. Selon eux, revenir à cet hymne emblématique est une manière de reconnecter le pays à une époque perçue comme plus stable et prospère. Certains élus ont exprimé leur gratitude envers le président Tinubu pour avoir fait revivre « l’hymne avec lequel ils ont grandi ».
Cependant, une grande partie de la population perçoit cette décision autrement. Beaucoup considèrent que rétablir un hymne lié à l’époque coloniale et à une période révolue n’est pas un signe de progrès, mais plutôt un recul. Les critiques soulignent que le Nigeria d’aujourd’hui a besoin de se projeter vers l’avenir plutôt que de ressasser son passé.
Ce débat sur l’hymne national reflète des tensions plus larges au sein de la société nigériane, entre nostalgie de l’ancien temps et désir de modernité. Tandis que certains Nigérians acclament ce retour comme une célébration de leur histoire, d’autres y voient une tentative de réécrire l’identité nationale à un moment où le pays cherche à avancer vers des horizons nouveaux.
Christ Dianga MOUNGOULOU