Gabon : Révision de la liste électorale entre espoir et scepticisme

Le lancement de la révision de la liste électorale au Gabon, initialement prévu pour le 13 juin 2024, a été reporté au 14 juin en raison de problèmes logistiques, selon le ministère de l’Intérieur. Cette opération est cruciale pour permettre aux citoyens gabonais de voter lors du référendum de décembre prochain, visant l’adoption d’une nouvelle Constitution.

Cette révision intervient dans un contexte politique tendu, marqué par les recommandations du dialogue national d’avril dernier. Ce dialogue a proposé la suspension du Parti démocratique gabonais (PDG) – l’ancien parti au pouvoir durant 55 ans – et l’inéligibilité de ses cadres pendant trois ans. Malgré ces restrictions, Paul Biyoghe Mba, premier Vice-Président du PDG, a exprimé son soutien à la révision électorale, soulignant l’importance de revenir à une situation constitutionnelle normale avec des élections crédibles.

Cependant, des voix s’élèvent pour réclamer plus de transparence dans le processus électoral. Aimé Regis Renombo, président du Rassemblement Espoir (REP), insiste sur la nécessité de la présence d’observateurs et de représentants des partis politiques non seulement dans les bureaux de vote, mais aussi au sein des commissions électorales. Selon lui, cette mesure est essentielle pour garantir la transparence des opérations électorales.

Joachim Mbatchi Pambou, président de l’Union des forces du changement, exprime quant à lui des réserves sur la crédibilité des actions du ministère de l’Intérieur. Il accuse ce dernier de poser des actes anticonstitutionnels et laisse entendre que ces actions pourraient favoriser le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema.

La situation est d’autant plus complexe que le ministère de l’Intérieur est désormais chargé de l’organisation des élections, une responsabilité qui suscite des critiques. Une partie de la société civile et certains cadres politiques estiment que le ministère ne peut pas être à la fois juge et partie. Ils craignent que les conditions du dialogue national ne suffisent pas à empêcher une éventuelle candidature de Brice Clotaire Oligui Nguema, ce qui pourrait biaiser le processus électoral.

En dépit de ces controverses, l’urgence est à la révision de la liste électorale. Cette première phase prépare le terrain pour le référendum constitutionnel prévu avant la fin de l’année. Une seconde révision est prévue l’année prochaine, en vue des élections qui mettront fin à la transition en cours.

Christ Dianga MOUNGOULOU

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