L’Assemblée nationale du Sénégal a été le théâtre d’une vive confrontation politique ce début de mois de septembre 2024, avec le rejet d’un projet de loi controversé porté par le président de la République, Bassirou Diomaye Faye. Ce projet visait la suppression du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) et du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE), deux institutions clés de l’architecture institutionnelle du pays.
La session extraordinaire de l’Assemblée nationale, convoquée spécifiquement pour examiner cette réforme constitutionnelle, a abouti à un vote très serré. Sur les 165 députés présents, 83 ont voté contre le projet, tandis que 80 ont exprimé leur soutien, mettant ainsi en lumière les divisions politiques profondes qui traversent l’hémicycle.
Le parti Benno Bokk Yakaar, désormais dans l’opposition a joué un rôle crucial dans le rejet de cette réforme. Détenant une influence notable au sein de l’Assemblée, les membres de ce parti se sont fortement mobilisés pour s’opposer à la suppression du HCCT et du CESE. Cette opposition a été décisive, empêchant l’adoption de la loi.
La suppression de ces deux organes, initialement proposée par le président Faye, visait à rationaliser l’appareil institutionnel du Sénégal. Le HCCT, créé pour favoriser la décentralisation et le développement local, et le CESE, qui conseille le gouvernement sur les politiques publiques économiques, sociales et environnementales, sont des institutions bien établies. Leur élimination aurait marqué un tournant majeur dans la gouvernance du pays.
Le rejet de cette réforme reflète les tensions croissantes au sein de la classe politique sénégalaise. Pour le président Faye, ce revers est un coup dur dans ses efforts pour restructurer les institutions du pays. Cependant, pour l’opposition et ses alliés, il s’agit d’une victoire importante dans la préservation des mécanismes consultatifs qui jouent un rôle crucial dans la formulation des politiques publiques.
À l’aube de cette nouvelle phase politique, le Sénégal entre dans une période d’incertitude, où les rapports de force au sein de l’Assemblée nationale seront déterminants pour l’avenir institutionnel du pays. Les débats autour de cette réforme ont mis en lumière les enjeux cruciaux auxquels fait face le Sénégal, et la manière dont ils seront abordés pourrait bien façonner la trajectoire du pays pour les années à venir.
Christ DIANGA MOUNGOULOU