Guinée : La société civile face aux militaires au pouvoir.

À l’approche du 5 septembre 2024, marquant le troisième anniversaire de l’arrivée du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) au pouvoir en Guinée, un appel à manifestation de grande envergure est lancé à travers tout le pays. Cette date symbolique, qui rappelle le coup d’État militaire ayant porté le colonel Mamadi Doumbouya à la tête de l’État, se transforme en une opportunité pour des milliers de Guinéens de faire entendre leur voix contre ce qu’ils considèrent comme une tentative de confiscation du pouvoir par le CNRD.

La colère populaire est exacerbée par la récente disparition, le 9 juillet 2024, de deux figures emblématiques de la société civile guinéenne, Sylla Foniké Menguè Oumar et Billo Hadjass. Ces deux leaders, connus pour leur engagement en faveur des droits civiques et pour leur opposition au régime militaire, ont disparu dans des circonstances troublantes, sans que les autorités ne fournissent d’explications satisfaisantes. Cette disparition, que beaucoup interprètent comme « un enlèvement politique », a suscité une vague d’indignation à travers le pays.

Les organisateurs de la manifestation dénoncent également l’intention présumée de certains groupes de proposer la candidature de Mamadi Doumbouya à la prochaine élection présidentielle. Selon eux, cette démarche vise à légitimer la mainmise du CNRD sur le pouvoir, transformant ainsi la transition annoncée en une dictature militaire déguisée.

La mobilisation prévue pour le 5 septembre a pour objectif principal d’exiger la vérité sur la disparition de Sylla Foniké Menguè Oumar et Billo Hadjass. Les manifestants réclament également la libération de tous les détenus politiques et l’arrêt immédiat des répressions contre les opposants au régime.

En outre, les protestataires entendent exprimer leur rejet catégorique de toute candidature de Mamadi Doumbouya à la présidence. Ils estiment qu’il est impératif de maintenir une transition civile et démocratique en Guinée, loin de toute influence militaire. Pour eux, la liberté d’expression et de manifestation doit être garantie pour tous, sans distinction, et ils s’opposent fermement à ce qu’ils appellent la « répression sélective » du régime, où certains peuvent manifester leur soutien au CNRD, tandis que d’autres se voient refuser le droit de contester ce même régime.

Le 5 septembre 2024 pourrait ainsi marquer non seulement un anniversaire controversé, mais aussi le début d’une nouvelle ère de mobilisation citoyenne en Guinée.

Christ DIANGA MOUNGOULOU

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