Neuf mois après avoir pris le pouvoir par un coup d’État, le général Brice Oligui Nguema, président de la transition gabonaise, a été accueilli à l’Élysée par le président français Emmanuel Macron. Cette rencontre, point culminant de la tournée de cinq jours du leader gabonais en Europe, marque une étape significative vers la normalisation des relations entre Libreville et Paris, offrant un contraste frappant avec les relations tendues que la France entretient avec les juntes militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger.
Justifications et Objectifs
Lors de sa visite, le général Oligui Nguema a justifié son coup d’État en le qualifiant de « libération nationale pour le peuple gabonais ». Le putsch, survenu après l’annonce de la réélection contestée d’Ali Bongo Ondimba, a mis fin à cinquante-cinq ans de pouvoir dynastique des Bongo. « La rupture intervenue dans notre pays doit être comprise comme la volonté radicale des Gabonais d’accéder à une gouvernance saine », a-t-il déclaré à Paris. Un ministre gabonais a ajouté : « Même si, dans la forme, nous sommes des putschistes, dans le fond nous ne le sommes pas ».
Une Coopération Stratégique
La rencontre à Paris a permis de renforcer la coopération entre la France et le Gabon sur plusieurs dossiers stratégiques, notamment la protection de l’environnement. Après le One Forest Summit de mars 2023 à Libreville, où Emmanuel Macron avait fait le déplacement, les deux dirigeants ont signé une déclaration d’intention visant à développer un partenariat écologique. Cette initiative inclut la formation d’une coalition de partenaires publics et privés pour soutenir financièrement le Gabon dans ses efforts de protection des ressources en carbone et biodiversité, ainsi que dans le développement de la bioéconomie.
La Relation Franco-Gabonaise
Malgré cette apparente harmonie, la relation entre Paris et Libreville suscite des critiques. La réception du général Oligui Nguema par Emmanuel Macron peut être perçue comme une reconnaissance tacite d’un coup d’État, ce qui soulève des questions sur les principes démocratiques de la politique étrangère française. En acceptant de traiter avec le général Nguema, la France pourrait être accusée de privilégier ses intérêts stratégiques et économiques au détriment de la démocratie et des droits humains.
En outre, la présence continue de bases militaires françaises au Gabon est un sujet sensible. Bien que le ministre des comptes publics gabonais, Charles M’Ba, ait défendu cette présence en la comparant à celle de l’OTAN en Allemagne, cette position pourrait être perçue comme un symbole persistant du néocolonialisme. Les discussions en cours sur l’avenir de cette base soulignent les tensions sous-jacentes et la complexité de cette relation.
Christ Dianga MOUNGOULOU